Messe de rentrée du samedi 13 septembre 2025

Saint-Louis de Gonzague ; homélie de la messe de rentrée (à partir de l’Evangile selon St Luc, chap. 6, v. 43-49) « L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ; et l’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais » (Lc 6,45)
Crédit Photos : Marie Caner-Chabran

 

Nous venons d’entendre cette phrase dans la page de l’Evangile que Luc qui nous est proposée aujourd’hui. Nous savons bien qu’il n’y a pas d’un côté des bons et de l’autre des mauvais, mais que l’homme bon et l’homme mauvais sont bien tous deux présents en nous. Dès lors, une grande question se pose à toute personne : « comment faire pour que ma vie soit vraiment marquée par ce qui est bon ? » Chaque homme et chaque femme a rendez-vous avec cette question et toutes les sagesses du monde sont là pour nous aider à aller vers ce qui est bon.

Alors, que dit l’Evangile à ce sujet ? Dans ce qu’on a entendu tout à l’heure, je relève deux choses : l’image de la maison bâtie sur le roc nous parle du besoin de points d’appui pour simplement construire quelque chose (a fortiori pour construire du bon). Personne, en effet, ne peut bâtir sa maison sans asseoir ses fondations sur du solide, et nous savons bien que nous n’irons pas loin si nous ne disposons pas de points d’appui fermes dans notre vie. Ces points d’appui, qu’est-ce que c’est ? On pourrait dire : c’est tout ce sur quoi on peut taper sans qu’aussitôt cela s’écroule ou se dérobe : ce sont vos proches, vos parents, ceux qui vous aiment, les vrais amis que vous avez, ce sont aussi vos formateurs, vos enseignants, et je crois qu’une institution comme St Louis de Gonzague est appelée elle-même à jouer pour vous comme un point d’appui : du solide, sur lequel vous pourrez bâtir quelque chose de bon.

Bon, mais la suite de l’Evangile nous réserve une surprise. C’est que pour Jésus, le point d’appui majeur, celui qui tient vraiment dans la tempête, c’est de l’ordre de la parole (« quiconque vient à moi, écoute mes paroles et les met en pratique ressemble à un homme qui a bâti sa maison […] sur le roc »). Je ne sais si ça vous a frappé, mais c’est quand même étonnant. Car quoi de plus léger, quoi de plus fugace, quoi de plus volatile qu’une parole ?

Comment Jésus peut-il accorder une si grande importance à la parole, à sa parole, au point qu’il la compare au roc sur lequel construire une maison ? C’est que Jésus ici, renvoie à toute la tradition biblique, qui elle-même, donne une importance majeure à la parole. C’est que notre Dieu est un Dieu qui parle, qui s’adresse à nous, qui s’engage dans ce qu’il dit. Et nous savons que des personnes qui tiennent parole, c’est extrêmement précieux. J’imagine qu’ici à St Louis de Gonzague, vous faites l’expérience de rencontrer des hommes et des femmes de parole. Eh bien, le Dieu de la Bible est un Dieu qui s’est engagé tout entier dans sa parole et qui continue de s’adresser à nous. Et dans la parole de quelqu’un qui s’engage ainsi pleinement, oui, il y a un point d’appui solide ; plus solide que le béton armé.

Pour les chrétiens, Jésus, est tout entier Parole de Dieu : tout son être nous parle de Dieu, tout son être s’adresse à nous, nous interroge, nous rejoint. Mais là il y a une deuxième source d’étonnement : quelle grandeur Jésus a-t-il manifesté dans sa vie, qui puisse nous convaincre qu’il y a là du solide pour, nous-mêmes, construire du bon ?

Elle est importante cette question, d’autant qu’aujourd’hui, comme vous le savez, le thème de la grandeur revient beaucoup dans les discours.

Jésus, cet homme qui est la Parole de Dieu en personne, de quelle grandeur témoigne-t-il ? Regardez ! Il s’est laissé cloué sur une croix ; voilà un homme qui a été condamné à mort, et à une mort dégradante, humiliante. Alors, n’est-ce pas un peu fou, de faire confiance à ce Jésus, pour en faire le roc de notre vie ?

Ce l’est effectivement ; et c’est complètement insensé, sauf si l’on reconnaît tout au long de son itinéraire, quelqu’un qui n’a pas répliqué à la violence, précisément parce qu’il avait, lui, un point d’appui plus solide que toutes les démonstrations de puissance, qu’il appelait son Père. C’est cela qui fait qu’on peut trouver en lui force et liberté alors même qu’il semble défait et anéanti.

Chers élèves, chers parents d’élèves, chers membres de la communauté éducative, je vous souhaite, de tout mon cœur, que vous puissiez trouver le Christ comme point d’appui pour bâtir votre vie ! Et si ce point d’appui est si étonnant, c’est parce qu’il vient d’ailleurs que de nos rêves de grandeur, c’est parce qu’il vient tout entier de l’amour de Dieu.