Un peu d’histoire

IL ÉTAIT UNE FOIS

Tout commence un 28 septembre : Ce jour de 1894 s’ouvre, au 10 rue de Franklin, le « Petit Externat du Trocadero », un collège dirigé par des pères jésuites.

L’histoire de ce collège, riche en tribulations, menaces et progrès, est intimement liée à l’urbanisation des nouveaux quartiers d’Auteuil, de Passy et de Chaillot et à l’histoire d’un siècle traversé de guerres, de persécutions et d’aspirations à la liberté.

1923 — 1934

Dix années, 1923 – 1934 où les principes éducatifs qui avaient présidé à la naissance du petit Externat sont enfin vécus sans menace dans leur plénitude. « Assurer aux élèves le bienfait d’une éducation religieuse avec les avantages d’une instruction solide et appropriée aux besoin du temps… Les fonctions de l’enseignement ne sont pas distinctes et séparées de celles de l’éducation… L’émulation est un des plus puissants moyens pour inspirer aux élèves la docilité, l’amour du travail et la vertu… ». C’est le temps du Règlement ordinaire, des uniformes, d’un enseignement religieux « gradué d’après les classes, contrôlé », le temps des lectures spirituelles quotidiennes et des instructions à la chapelle… (Le temps de l’uniforme, « casquette de drap bleu obligatoire tous les jours et pour tous les élèves… obligation aussi de porter l’uniforme »).

En 1931, pour ne pas défavoriser des familles modestes est créée l’APEL, caisse de compensation en faveur des foyers d’au moins trois enfants pour alléger les pensions. La vitalité de Franklin ne cesse d’inspirer de nouveaux projets d’améliorations pédagogiques, d’agrandissements architecturaux. En 1934, les premiers coups de pioche pour le Super Franklin sont donnés. La première pierre pour le grand bâtiment et la future chapelle est posée le 18 octobre 1934. Un an plus tard, la chapelle décorée de fresques réalisées par l’école de Maurice Denis est inaugurée le 30 mai 1935 tandis que le cardinal Verdier bénit les locaux du Super Franklin le 17 octobre de la même année.

1934 — 1945

Les Recteurs se suivent. Le père Arlot (1939-1942), puis le père Datin devront gérer les conséquences de la guerre dans l’établissement et les perturbations qu’elle aura engendrées : effectifs fluctuants, nécessité d’ouvrir un internat au château de Bâville, ancienne résidence d’été de Madame de Sévigné, classes dans les caves de la rue Franklin ou dans la rue Le Tasse. Mais la foi et la mission inaugurée en 1894 persistent. Le père Datin décide d’acquérir en 1942 une propriété rue Louis David pour y ouvrir le Petit Collège. Le père de La Bouillerie, Préfet des études de 1936 à 1945 est chargé de la transaction immobilière de la rue Louis David en l’absence du père Provincial, bloqué en zone libre.
Il raconte avec vivacité le retour fugace du père : « Il arriva enfin à franchir la ligne et rentra enfin dans Paris. Il manifesta d’abord un peu d’humeur pour la hâte avec laquelle nous avions conclu. Il vint visiter, regarda tout dans le silence le plus absolu, il se rapprocha de moi et me dit : « vous avez rudement bien fait ».
En octobre 1942, les classes élémentaires de la rue Franklin émigrent dans leur nouveau domaine, rue Louis-David.
Ironie du sort et pour la petite histoire, l’hôtel particulier acquis est une ancienne maison close de luxe ! Plaisante anecdote le plus souvent pudiquement occultée mais aussi facétieuse que la présence, au 8 de la rue Franklin, d’un illustre voisin : Clémenceau dont on rapporte quelques histoires, brèves et drôles comme des saynètes.

1945 — 1968

À la fin de la guerre, Franklin compte 1100 élèves toutes classes réunies. Dès lors, l’Établissement prend son rythme de croisière, s’adaptant aux besoins de la nouvelle société d’après-guerre, ouverte aux audaces de la deuxième moitié du XXe siècle.
Les années 1950 voient s’ouvrir de nouvelles activités : l’audiovisuel, les ateliers d’imprimerie, les camps, le grec y est enfin enseigné sous l’impulsion du père Blanchard. L’établissement devient un lieu d’ouverture au monde moderne.
En 1956, Franklin compte 24 pères, 66 professeurs laïcs dont 20 au Petit Collège, 10 surveillants laïcs et 6 dans les services administratifs.
Tout ce que la pédagogie moderne va expérimenter est déjà suscité et pressenti : écoute spécifique des élèves et suivi pédagogique, responsabilisation des jeunes, préparation à la vie active, familiarisation avec les technologies nouvelles, vision globale d’une éducation…
L’assistance spirituelle est de même très forte, sans endoctrinement ni prosélytisme. Il s’agit de former des hommes dans la cité et néanmoins aptes à entendre la parole des Évangiles : Olympos et Fides comme le déclare le blason de Saint-Louis de Gonzague.

1968 — 1980

C’est pourquoi Franklin ne se trouve pas désarmé face aux évènements de 1968 : ils sont au contraire temps d’une réflexion, rappel et interpellation de l’identité catholique mais aussi écoute des transformations de la société. C’est justement en 1968 que le père Antoine Lauras, Recteur de l’établissement jusqu’en 1974 mène les premières réflexions sur l’avenir du collège à partir de deux constats : diminution du nombre des Jésuites et rôle des laïcs. Est-ce encore un autre signe ?
C’est en 1968 également qu’est nommée une femme, Mademoiselle de Follin, comme directrice du Petit Collège, et qu’en 1969 est nommé un autre laïc comme Préfet du Moyen Collège.
Dans les années 1970, années d’expansion et d’avancées technologies, de mutations sociales et de remises en question, années de doutes et d’élans, Franklin trouve spontanément sa place. Le collège compte, en 1978 – 1979, 9 pères Jésuites, 86 professeurs.
Franklin poursuit sa route de fidélité et d’innovations, attentif toujours aux évolutions du monde moderne, prenant en compte les exclusions que la société génère, créant pour cela en 1980 le Bureau Social afin que « tous les élèves soient, ainsi que le souhaite le père Puech, engagés d’une façon ou d’une autre au service des déshérités. »
La Charte éducative de 1977 enrichit les acquis des chartes précédentes : accomplir la personne, son jugement, son caractère, son autonomie, faire accéder les élèves à une véritable liberté spirituelle, c’est-à-dire former des hommes libres à l’égard des conditionnements du milieu, des idéologies et des modes, aptes à se déterminer en fonction des valeurs supérieures, en faire des hommes de parole. Il s’agit de vivre l’Évangile et que chacun des élèves soit un témoin du Christ.

1980 — 2000

C’est en 1980 que la décision est prise d’introduire la mixité. La première promotion de Classes Préparatoires à HEC sous la direction du père Célier, puis d’Alain Droguet en 1986, la nomination d’une femme, Françoise Bouissou à la direction de Franklin après le départ du père Duvoisin en 1990 révèlent à leur manière et la modernité de Franklin et sa disponibilité au monde. Tout ce que l’établissement a su orchestrer depuis sa création – les délégués de classe et l’autodiscipline, les séjours scolaires à l’étranger, Allemagne, États-Unis, Grande Bretagne, Autriche, Irlande, l’accroissement des heures consacrées aux langues vivantes, les activités culturelles, les activités sportives, gymnastique, équitation, patinage, football, rugby, athlétisme, aviron, escrime, tennis et jusqu’à la pelote basque, le théâtre sous l’autorité talentueuse de Monsieur Van der Meulien, la musique, le chant, la chorale des « Petits Chanteurs de Chaillot » qui, sous la direction de Monsieur Thirot, a acquis une renommée internationale, les activités extra-scolaires, camps, scoutisme, la kermesse dédiée chaque année aux missions étrangères, les expositions -, tout est dans les années 1990, conservé, déployé, enrichi.
Rentrée 1990 : le Petit Collège montre son nouveau visage.
Rentrée 1996 : le Grand Collège, à son tour, présente le fruit de plusieurs années d’efforts, de travaux et de réflexion. Le but est aujourd’hui atteint : améliorer le cadre de vie et les conditions de travail des élèves, des professeurs et du personnel, préserver un patrimoine, répondre à un accroissement d’effectifs, aux exigences de la mixité, avoir des équipements adaptés aux besoins actuels et futurs de la pédagogie.
À l’issue de cette rénovation, de nombreux projets sont venus animer ces nouveaux murs : réformes pédagogiques, centre culturel Franklin, développement des ateliers culturels, en particulier le théâtre et la chorale. Autant de signes d’un dynamisme confiant et d’une foi résolue de tous les acteurs de la vie de l’établissement.

2000 — 2023

À la demande de la Compagnie de Jésus, Saint Louis de Gonzague réfléchit à des projets d’extension et de développement « dans et hors les murs ».
La volonté de s’ouvrir à une jeunesse différente s’inscrit durablement dans les orientations de l’école. Elle se manifeste notamment par le renforcement du projet d’action sociale (PAS) avec les associations partenaires et la création de la classe-soleil (classe maternelle pour enfants autistes) au Petit Collège. En remplacement du Comité Madrid, un fonds de dotation (JES Franklin) est créé pour assurer la solidarité des familles et financer les actions sociales.
Depuis 2012, un vaste programme immobilier se déploie avec pour objectif la construction d’un bâtiment neuf sur le boulevard Delessert destiné aux classes préparatoires, la mise en conformité et l’accessibilité aux personnes en situation de handicap et la rénovation intégrale des locaux. L’ensemble des bâtiments, Petit et Grand Collège, sont désormais entièrement connectés.